J’avais donné rendez-vous à mon photographe chez lui, parce qu’il a tout sur place, j’y voyais ainsi, une commodité évidente.
Mon photographe, M.P., est un homme d’une trentaine d’années, à allure gaillarde mais sobre. Son visage jovial et bon enfant inspirant la confiance, je me préparais à la séance.
La surprise de mon étonnement ne cilla pas M.P. d’un poil, et il se livra dans l’exercice de son art avec passion. J’enfilais mon Dolorès Promesas (42 €uros), trouvé dans une boutique à Cadiz l’andalouse.
Tel le taureau rendu fou par l’écarlate, il me demanda si je ne possédais d’autres vêtements d’une colorimétrie attouchante, voire identique. Je sentis que sa voix tremblait au fond de sa gorge.
J’acquiesçais et proposait de lui sortir mon petit T-shirt de chez Pull & Bear, acheté le jour précédant à 9 €uros 90, dans une rue de Valencia la catalane.
Il m’interrogea sur mon séjour en Espagne pendant que je me déshabillais.
Je fus passionnant en lui narrant ma traversée de l’Espagne avec une amie, dont je n’arrivais plus à me souvenir le nom, j’en fut étounu... je veux dire étonné. Qu’est-ce qui m’arrive ?... Du coup, le photogaffe fit une photo toute foutue !
Cependant, ce T-shirt à manches longues est magnifique (14 €uros 90 chez P&B), et je ne comprends toujours pas, comment ce professionnel de l’instantané, manqua avec une telle intensité cette prise qui était somme toute facile... ?
Je me vexais, et coupais court à la séance après avoir enfilé un petit T-shirt de PB, que je n’avais pas encore essayé, même pas en magasin, car pressé entre deux aéroports, j’avais fait confiance à mon physique altier : tout me va.
C’est ça le problème de la surconsommation : on consomme, on consomme, on a même plus le temps d’aller en cabine, et puis puisque tout me va : j’achète, j’achète, et on verra après, j’échangera si ça va pas.
En méditant à ces pensées, un sentiment s’emparait de moi, un tourment profond se glissait dans mon esprit, remontait à ma conscience, remplissait tout mon espace de concentration : il n’y avait pas de Pull and Bear en France.
C’était une marque bien trop nouvelle, beaucoup trop jeune, giga trop hype, pour ce pays triste, vieillissant et moribond.
Mais, je ricana. Je ricana car tout me va, effectivement.
Taillé dans l’étoffe qui fait le marbre de nos héros, mon corps s’adapte à tout. Il est modifiable et malléable à volonté, il est mallédifiable.
C’était merveilleux, je m’en foutais de m’avoir peut-être trompa de taille, mon corps se pliait à tout. Et je peux vous dire que le photographe en a profité : regarderez donc ces tofs ^^ !
Pff... C’est chiant d’être mallédifiable :
on a tout à se mettre, rien ne nous va pas !
...Je crois que j’ai envie de mourir...
Ha merde !... C’est pas de moi ça ..
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